Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
日本便り
12 juin 2009

Du Japon d'aujourd'hui...

Pour changer un petit peu, je vais avoir une vision un peu plus contrastée du Japon de tous les jours. Il va de soi que lorsque je dis "le japonais", je ne parle pas de tous les japonais, mais de l'impression que donne la plupart des japonais.

Les japonais aiment principalement quatre sports.
- Le sumo : Les matches étaient à l'origine à portée divinatoire selon le gagnant. Les matches sont très courts, rarement de plus d'une minute; et les champions sont quasiment vénérés. On peut aussi trouver certains restaurants qui arborent soigneusement l'argument "cuisine pour sumotori".

- Le judo, pour des raisons historiques.

- Le baseball : ici, aucun argument ne tient. On aime le baseball comme en France on aime le foot (c'est à dire de la manière la plus débile possible). C'est le sport national, et pourtant, les matches sont chiantissimes. En résumé, un match est constitué de séries de lancers (qui peuvent s'étaler sur 2 ou 3 heures, voire plus). Sur une dizaine de lancers, un ou deux sont frappés avec succès, et la moitié de ces derniers est hors-jeu. Parmi les restants, un cinquième est renvoyé dans les gradins (marrant, mais aucun jeu) et les autres sont en jeu, ce qui signifient de presque quatre ou cinq personnes s'activent sur le terrain...

- Le Golf : de nombreux japonais aiment "jouer au golf". En fait, ils tapent des balles dans des "hitting places". Ce sont des endroits constitués de plusieurs plateformes superposées, et les japonais adorent taper dans la baballe. Je mettrai une photo si j'en trouve dans le coin. Évidemment, il leur fout tout l'attirail, les gant assortis aux caleçons, etc.

Les japonais aiment aussi les sports dans lesquels ils gagnent. Il faut dire, ils sont très chauvins. Par exemple, les matches retransmis à la télévision sont uniquement ceux dans lesquels des japonais jouent. Ils sont souvent rediffusés au long des compétitions, jusqu'à ce que l'équipe perde. À ce moment les matches antérieurs peuvent être rediffusés. Il arrive aussi fréquemment que seule la moitié de terrain japonaise soit filmée. Et, je ne parle pas des "NIPPPPON" incessants des commentateurs.

Il faut différencier la culture traditionnelle et la sous-culture actuelle.

La culture japonaise traditionnelle est très riche et raffinée. C'est cette culture que l'on perçoit à travers les temples, le shintô, les symboles et leur calligraphie, la cérémonie du thé, etc.

Toutefois, l'on peut dire qu'aujourd'hui les japonais n'ont plus guère de culture. Les mariages shintô se font très rares (remplacés par le "western style", un mariage que l'on ne pourrait mieux qualifier qu'en utilisant le mot "convenu"), la langue est polluée de toujours plus de mots anglais qui remplacent les mots japonais (ils ne sont pas utilisés juste pour les innovations, les nouveautés ou les termes techniques).

Les garçons, spécifiquement, manquent souvent, tout simplement, d'éducation. Certains parlent fort, la bouche pleine, mâchent la bouche ouverte, se baladent avec les mains dans leur jogging, mangent bruyamment... On n'abordera pas les goûts vestimentaires douteux, ni le soin minimum apporté à l'apparence de certains (tandis que d'autres poussent jusqu'à l'excès inverse).

La télévision est d'une stupidité sans nom. Les émissions sont conçues pour purger la tête du japonais moyen qui a eu sa journée de travail. Humour qui se hisse péniblement au premier degré, reportages sur des pseudo-personnalités récurrentes qui mangent dans des restaus bon marché en s'écriant à chaque fois "délicieux !", ou baseball. La pachinko (jeu japonais s'apparentant vaguement au casino, mais en plus débilifiant, se pratiquant dans un environnement sonore abrutissant) est un autre exemple illustrant le besoin de s'abrutir en fin de journée.

Car si les français, favorisés, assez cultivés, se plaignent facilement, les japonais ont une vie de merde, et en sont heureux. Ils ont souvent un week end d'un jour et demi, et une à deux semaines (pour les chanceux) de vacances par an. Leurs loisirs (autres qu'évoqués précédemment) se résument souvent à une sortie dans un grand centre commercial pour dépenser.

Une autre spécificité japonaise est le conformisme et l'acceptation. Un japonais ne se posera quasiment jamais de question sur le bien fondé de telle ou telle règle. À l'école, "le professeur a dit que..." est l'équivalent d'une citation des Tables de la Loi. Je ne vous parle pas du dilemme dans lequel l'élève se trouve lorsqu'il a à annoncer au professeur qu'il a tort... Autre exemple, à Kyodai, il semble que personne n'ait émis la moindre critique à propos de l'obligation d'utiliser des sandales quelle que soit la salle (manipulation de choses lourdes, chimiques, ou accélérateur de particules...). La nuit, dans une rue déserte, à pied, avec une vision s'étendant à quelques centaines de mètres de chaque côté, une partie des japonais ne traversera pas la rue tant que le petit bonhomme n'est pas vert...

Mais, c'est vrai, c'est l'un des cas où l'on peut les comprendre : car les japonais roulent mal. Très. S'ils ne boivent jamais avant de prendre le volant, ils grillent allègrement les feux, roulent vite, serrent mal leur gauche, ralentissent peu lorsqu'ils frôlent des piétons.

Enfin, il faut savoir que les japonais ne sont guère plus croyants, ni vraiment pratiquants, mais supersticieux. Ils jettent une pièce dans la boîte car on ne sait jamais (enfin, l'on pourrait dire qu'ils ne savent pas pourquoi, ou ne se sont jamais posé la question. Ils le font, c'est tout : quelle idée de se demander pourquoi !). Ils croient en un nombre assez incroyable de superstitions. Des bouteilles d'eau pleines autour de la maison repoussent les chats, manger de la glace trop vite donne mal à la tête, les papillons portent l'âme des morts, la cérémonie de purification de la voiture ou du porte monnaie, etc.

Toutefois, le raffinement de certains d'entre eux, les coutumes antiques qui perdurent, ou leur cordialité (mais rarement le premier pas) les rendent fort attachants, que l'on ne se trompe pas sur mon propos !

Publicité
Publicité
Commentaires
F
C'est très intéressant tout ça, surtout que je ne me suis jamais vraiment intéressée à la culture japonaise.<br /> J'aime particulièrement la phrase :<br /> "Car si les français, favorisés, assez cultivés, se plaignent facilement, les japonais ont une vie de merde, et en sont heureux."
S
te lire : que du bonheur ! merci !
Publicité